Blame
Fiche Technique : Auteur : Tsutomu Nihei
Editeur : Glénat
Nombre de volumes sortis au Japon (terminé) : 10
Nombre de volumes sortis en France (terminé) : 10
Genre : Seinen
Première parution : 1999
Titre original : Blame
Prix du volume : 6.40 €
L'histoire :Peut-être sur Terre... Peut-être dans le futur...
Killy est un "inspecteur" à la recherche d'un terminal génétique. Il erre dans une gigantesque cité labyrinthique, s'étendant sur des milliers de niveaux qui ne communiquent pas les uns avec les autres. Armé d'un revolver amplificateur de radiations et accompagné de Shibo, un scientifique, il part en quête du "net-gene", un programme qui aurait échappé à la contamination globale d'un virus informatique, et qui serait capable de gérer le monde. Killy sera alors confronté aux multiples dangers de cette univers...
Le Graphisme : Nihei, avant de dessiner Blame (son premier Manga), faisait des études d’architectes. Ainsi les dessins sont totalement uniques, Derangeants et au final hypnotisants. Les décors de la cité sont extrêmement soignés mais sont pourtant quasiment nus. En fait, ce sont les plans, les schémas qui donnent cette impression. Nihei maîtrise tellement bien son univers que l’on est littéralement plongé dans le monde de Killy. On en devient presque claustrophobe ! De plus, l'auteur renforce la qualité du travail du décor grâce aux dessins des différents protagonistes de Blame. Ceux-ci sont limite des ébauches, des croquis vite faits de l’auteur. Il existe un amalgame presque impossible entre les decors et les personnages, mais au final ce contraste est obligatoire car il est le moteur de l'ambiance du manga. Personellement je trouve que le trait de Nihei est prodigieux et fascinant, noir, glauque... Parfait.
Avis Personel :Blame est une série à découvrir au moins pour son style si particulier. C'est une oeuvre atypique, qui ne ressemble à aucune autre. Jamais vous ne croiserez un manga ressemblant au chef-d’oeuvre de Tsutomu Nihei. Cette Auteur peut être considéré comme le “vagabond” du manga. Il erre, il dessine, il ne respect aucun code établi, il suit son intuition, certaines de ses planches ne sont pas terminées, le contraste entre ses personnages et ses structures choque... En bref, il ne fait rien comme tout le monde. Aucun renseignement n’est divulgué, aucune possibilité d’explication, puisque Blame ne veut rien dire... dans sa globalité. Alors, on peut juger l’oeuvre de deux points de vue totalement différents. Blame Peut être à la fois perçu comme un brouillon de violence, sans queue ni tête, sans aucun scénario, qui ne fait qu’avancer au gré de la folie de son créateur. Son univers n’est aucunement cohérent et rien de ce qui s’y passe ne peut être prévu. L’univers de Blame est une création très personnelle et aucunement universelle. Impossible de le saisir. Impossible de le sentir palpable. Les codes visant à offrir une explication rassurante n’existent pas. On finit par se dire que seul Tsutomu Nihei comprend cet univers si particulier, en dehors de toute logique. Comme si le fait de rencontrer Killy était une chance inestimable, tant le héros de cette aventure peu commune est réussi. A croire que Tsutomu Nihei n’a aucun scénario préétabli et que son histoire évolue sous son fantastique trait, compris entre style très traditionnel (à travers les structures) et expérimentation rocambolesque, mais aussi étrangement fouillé. Comme si son histoire existait réellement et venait à lui afin de lui dire ce qu’il devrait faire par la suite. Mais malgré l’admiration que je porte à ce type d’ambiance, je me suis plus d’une fois demandé où l’on allait, où voulait nous mener Tsutomu Nihei, quel était le but de son scénario...
Blame est donc une oeuvre déroutante, qui surprend par l’absence de structure, par un trait inhabituel mais aussi par un “silence” quasi-permanent. Je souligne le mot silence car il me faut vous expliquer cette notion, En effet, les dialogues sont rares, voir inexistant !! C’est à la fois impressionnant et déstabilisant. Il n’existe pas (ou presque) de manga qui ne repose sur une histoire ou des personnages. Blame si. Bien que son casting soit très étudié et que l’on puisse décerner le titre du meilleur héros à Killy, Blame ne repose pas sur les personnages. Ni sur l’histoire, ni sur le déroulement de cette dernière, ni même sur la beauté visuelle et encore moins sur les dialogues. Ce manga ne repose sur rien. Rien de visuel, rien de palpable dans tous ces cas. Si certains trouveront dans ces batailles, extrêmement violentes et sanglantes, un semblant d’intérêt primaire, d’autre n’y verront qu’une oeuvre futuriste violent de plus où les scènes usent et abusent de codes gratuits. Malgré tout Blame ne laisse pas indifférent car, s’il n’est basé sur rien, il a pour lui une atmosphère unique, incroyablement malsaine, violante, glauque, sordide, Et c’est tout. Bien sûr, on peut remarquer une pseudo-quête, celle de Killy qui doit accomplir un job et retrouver un génome humain non modifié, mais, sincèrement, le scénario file sans aucun code et sans aucun but.
C’est là qu’interviendrait éventuellement la deuxième façon d’aborder Blame. On se demande si finalement Tsutomu Nihei n’est pas un génie, qui parvient non seulement à nous mettre à sa merci, mais, de plus, ne nous laissant aucune chance de saisir quoi que ce soit. Un metteur en scène diabolique dont les secrets ne seront jamais percés, tant le concept est original et tant le découpage flirte avec le surnaturel. Blame est une oeuvre complète, un ovni dans la dimension du manga, une oeuvre qui ne ressemble à rien et qui saura vous surprendre comme il faut.
Pour conclure, je vous incite à lire Blame au plus vite. Vous ne comprendrez pas grand chose (ou alors il vous faudra vous y plonger des heures durant, les passionnés de psychologie y trouveront leur compte), mais vous devriez être séduit par l’ambiance atroce qui en émane, induite par l’aspect sordide des décors, tristesse haineuse de Killy ou l’aspect effrayant et repoussant des monstres que doivent affronter les héros. Blame est un chef-d’oeuvre à ne louper sous aucun prétexte, une atmosphère étrange mais particulière se dégage de cette œuvre, unique, grandiose, intimiste et irréelle.